Fin mai, la Ligue nationale contre le cancer annonçait une avancée majeure dans la lutte contre le cancer du côlon : une classification moléculaire en six sous-types de cette maladie corrélée à des pronostics distincts. Ces résultats devraient permettre la mise au point d’un outil diagnostic et améliorer la prise en charge thérapeutique des patients. Le laboratoire universitaire strasbourgeois1 dirigé par Dominique Guenot en partenariat avec les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS)2 a participé à ce projet national.
Chaque cancer résulte d’une accumulation particulière d’altérations de notre patrimoine génétique. D’une tumeur à l’autre, la cascade d’événements peut être très différente ; d'où la très grande diversité des cancers pour un même organe. Cette diversité est certainement l’un des facteurs qui explique qu’un traitement est efficace chez un patient mais pas chez l’autre. D’où l’importance d’établir la carte d’identité du génome de chaque tumeur, afin de prévoir des traitements « à la carte », véritablement adaptés.
C’est l’objectif du programme « Cartes d’identités des tumeurs » de la Ligue nationale contre le cancer auquel ont participé certains membres du laboratoire "Progression tumorale et micro-environnement. Approches translationnelles et épidémiologie" au sein d’un consortium national de chercheurs et de cliniciens, dans le cadre d’une étude sur le cancer du côlon. « Ce type de programme national et structurant est une force », souligne Marie-Pierre Gaub, membre du laboratoire et responsable de l’unité fonctionnelle de biologie moléculaire des cancers aux HUS. « Il a permis de rassembler des compétences complémentaires et de réaliser l’analyse précise du transcriptome3 de tumeurs issues de plus de 560 patients atteints de cancers du côlon. »
Une étude nationale
L’ampleur de la cohorte « nationale » ainsi constituée et les origines diverses des échantillons assurent des résultats plus pertinents et non biaisés. Ce travail a abouti à une classification des tumeurs en six sous-groupes. Chaque groupe a une signature moléculaire particulière qui le caractérise et qui est corrélée à un pronostic spécifique, plus ou moins sévère. « Il s’agit maintenant de valider cette classification sur d’autres séries de tumeurs du côlon », ajoute Mme Gaub. « Ensuite, en identifiant des cibles thérapeutiques spécifiques de chaque groupe, on pourrait non seulement proposer un traitement à la carte mais également éviter l’apparition de résistances à un traitement. » La finalité : obtenir un outil diagnostic en routine afin d’améliorer le pronostic d’une tumeur et de guider la prise en charge médicale.
Un nouvel outil de diagnostic, pour améliorer le pronostic et les traitements
Ce projet concret, dont les résultats trouvent des applications à plus ou moins court terme, illustre pleinement le travail quotidien des membres du laboratoire strasbourgeois créé au 1er janvier 2013. « Notre équipe rassemble à la fois des chercheurs et des cliniciens aux domaines de compétences complémentaires », souligne Dominique Guenot, chercheuse au CNRS et directrice du laboratoire. Ce qui unit le groupe ? Une question transversale et fondamentale : l’influence de l’hypoxie4 et du micro-environnement dans la progression tumorale, la formation des métastases et la réponse aux traitements. « Une question que tout le monde se pose, sans forcément s’y atteler », ajoute Mme Guenot. « Nos travaux sont orientés vers des développements précliniques qui pourront mener à des essais cliniques rapidement. » Ainsi, des essais de phase I sont en cours chez des enfants ayant des tumeurs cérébrales inopérables et réfractaires à tout traitement, grâce aux résultats de l’équipe ! « Nous avons eu l’idée de combiner deux molécules utilisées classiquement de manière séparée en chimiothérapie, pour voir l’effet de cette combinaison sur des souris. Nous avons montré qu’elle permettait une régression de la tumeur à de très faibles doses. »
Anne-Isabelle Bischoff
Voir la publication
Japon, Brésil, etc. Benoît Louis voyage beaucoup – c’est l’un des points très positif du métier de chercheur – pour participer à des congrès scientifiques, développer des collaborations à l’international et, cerise sur le gâteau, parfois recevoir un prix ! En mai dernier, il a justement reçu le prix "Young Scientist Award" du 7e symposium international sur la catalyse acide-base, à Tokyo, pour ses travaux originaux et prometteurs sur les zéolithes.
Les zéolithes, des minéraux microporeux de la famille des aluminosilicates, sont de puissants catalyseurs solides qui permettent soit d’augmenter la vitesse d’une réaction chimique, soit de la rendre plus sélective, c’est-à-dire de favoriser l’obtention d’un produit plutôt qu’un autre. Si elles existent à l’état naturel dans les roches volcaniques par exemple, ce qui intéresse le chimiste, c’est de les synthétiser pour obtenir des cristaux purs. « En fonction des conditions de synthèse, on obtient des zéolithes aux formes diverses et aux propriétés catalytiques variées », explique le jeune chargé de recherches du CNRS. Ces catalyseurs solides sont classiquement utilisés en pétrochimie, dans les différentes étapes du processus de craquage du pétrole par exemple. Benoît Louis a d’ailleurs développé des collaborations poussées avec des chercheurs brésiliens sur ces thématiques. « Pour moi, la chimie du C1 (entendez par là, des molécules à un atome de carbone) est la chimie du futur, qui permettra de trouver des solutions énergétiques alternatives et réalistes », souligne le chercheur. C’est pourquoi l’un de ses axes prioritaires de travail est d’améliorer la transformation de méthanol en carburants alternatifs de synthèse, moins polluants que les carburants issus du pétrole. Là encore les zéolithes sont précieuses et doivent permettre de mieux contrôler les voies de synthèses et les produits attendus.
Inventer de nouvelles zéolithes adaptées à la chimie organique
Mais les zéolithes ont bien d’autres utilisations insoupçonnées, notamment en chimie organique. Depuis trois ans, le spécialiste des zéolithes a rejoint le laboratoire de chimie organique dirigé par Patrick Pale, aujourd’hui intitulé laboratoire "Synthèse et réactivité organiques et catalyse". « Ce rapprochement s’est fait très naturellement », commente Benoît. « Alors que je travaillais au sein d’un laboratoire de catalyse à Cronenbourg* tout en collaborant depuis plus de 10 ans avec Jean Sommer, la rencontre avec l’équipe de Patrick Pale s’est faite en 2007 pour l’élaboration de zéolithes destinées à des réactions de chimie organique. » L’idée innovante de cette association de compétences : utiliser les zéolithes pour faire de la chimie verte, c’est-à-dire réduire, voire éliminer, l’usage et/ou la production de substances dangereuses ou toxiques pour l’environnement. « Comme ce sont des catalyseurs solides, ils sont donc faciles à récupérer et réutiliser, non corrosifs, non toxiques et permettent (parfois) de s’affranchir de solvants dans les réactions », explique le scientifique. « Nous fabriquons toutes sortes de zéolithes adaptées aux besoins de la chimie organique en ajoutant différents métaux, etc. puis, nos collègues testent leurs effets sur les réactions en terme de produits obtenus, rendement, sélectivité. » Et les résultats sont parfois surprenants et très différents de la réaction classique ! Et Benoît conclut, « comprendre le monde de la chimie organique est un véritable challenge pour moi mais cela me plaît ; c’est un peu comme apprendre une langue étrangère ».
Anne-Isabelle Bischoff
* devenu depuis le 1er janvier 2013, Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé (ICPEES)Le film documentaire « Pierre Chambon, explorateur du vivant » sera projeté vendredi 28 juin 2013 à 18 h 15 à l’Ircad (Hôpital civil). Il retrace soixante années de la brillante carrière internationale du biologiste et généticien, Pierre Chambon, et une aventure scientifique collective menées depuis Strasbourg.
À quatre-vingt ans passés, le professeur Pierre Chambon prend encore quotidiennement sa voiture pour se rendre à l’Institut de génétique de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) en périphérie de Strasbourg.
Généticien mondialement réputé, il dispose toujours, dans cet institut qu’il a fondé en 1994 à l’aide de financements américains privés, d’un bureau où il travaille, à proximité des chercheurs, étudiants et techniciens qui poursuivent aujourd’hui ses recherches, initiées au début des années cinquante.
Ces travaux visent à comprendre la transcription génétique, phénomène à la base du fonctionnement de nos cellules, donc de la vie. Éternel passionné, Pierre Chambon et quelques-uns de ses proches collaborateurs forment une armada d’explorateurs qui ont mené une aventure unique en biologie et repoussé les limites de la connaissance que l’homme a de lui-même.
En allant à la rencontre de ces hommes de science, le film a pour ambition de donner à ressentir au grand public la richesse et la diversité d’approches qui président à l’étude du vivant.
Cet objet mathématique conçu pour décrire les objets aux formes irrégulières et/ou complexes a trouvé une nouvelle application en écologie.
Chercheur CNRS à l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (CNRS-Université de Strasbourg), Yan Ropert-Coudert l’utilise pour analyser le comportement de pêche des manchots pygmées. Grâce à cette découverte mathématique du 20e siècle, ce spécialiste de l’écologie marine dispose désormais d’un outil redoutable pour analyser le comportement de pêche des manchots qu’il étudie. Le principe : traduire des séquences longues de comportements binaires - plongeon ou nage en surface dans le cas des manchots - en une série de 0 et de 1 dans laquelle on pourra repérer des motifs récurrents.
L'émission propose à un universitaire de répondre à trois questions sur son domaine de compétences. Dans chaque module les participants nous font partager brièvement leur connaissances. Réalisé par la Direction des usages du numérique avec la participation de l'ensemble des acteurs de l'université.
Lauréat de l'appel à projets Labex en 2012, le laboratoire d’excellence G-eau-thermie profonde est un projet mixte Industrie/Université à long terme (8 ans à compter de mars 2012) intégré dans le projet Idex de l'Université de Strasbourg. Inauguré en juin 2012, le labex s'est doté depuis quelques semaines d'un nouvel outil de travail et de communication : un site web. Ce site présente les différents volets du projet : recherche, observation, formation, grand public, et dispose d'un intranet dédié aux membres du projet.
Le Cercle Gutenberg attribuera pour la sixième fois un prix Guy-Ourisson de 20 000 euros à un chercheur de 40 ans au plus menant en Alsace des recherches particulièrement prometteuses.
Le Cercle Gutenberg a rassemblé des fonds provenant d'entreprises et de particuliers ainsi que des collectivités locales alsaciennes afin d'attribuer le prix Guy-Ourisson à un chercheur de 40 ans au plus menant en Alsace des recherches particulièrement prometteuses. Tous les champs disciplinaires et les deux départements alsaciens sont éligibles.
De plus, cette année, comme les deux années précédentes, la Fondation Université de Strasbourg a demandé au Cercle Gutenberg de sélectionner, selon les mêmes critères que ceux du prix Guy-Ourisson, un jeune chercheur à qui elle accordera un prix Fondation Université de Strasbourg-Cercle Gutenberg de 10 000 euros. L'appel lancé pour doter le prix Guy-Ourisson et la charte du prix Guy-Ourisson s’applique également au prix Fondation Université de Strasbourg.
Les jeunes chercheurs intéressés doivent faire parvenir au Cercle Gutenberg, avant le 1er octobre 2013, un dossier de candidature comprenant leur CV, un descriptif de leurs principales réalisations rédigé de manière à être également compréhensible par les non-spécialistes, la liste de leurs publications en indiquant les cinq jugées les plus importantes, la liste des conférences invitées ainsi que le projet de recherche auquel les candidats vont se consacrer, en insistant sur l’apport attendu au niveau de la notoriété et du développement de la recherche en Alsace.
Le lauréat sera désigné au cours du mois de novembre 2013 et pourra disposer des fonds en janvier 2014.
• 49 400 contacts
soit 2 249 services par jour
• 38 étudiants vacataires sur 9 stands
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 3 juillet midi pour une parution le vendredi 5 juillet 2013.
Attention, ce sera le dernier numéro de l'année universitaire 2012/2013 !
Consultez les dates des prochains numéros.